Mise en scène Valeriya Budankova
Sombre tragédie d’amour et de mort, “Les Démons” est le livre des doutes et des angoisses de Dostoïevski sur l’avenir de l’homme et de la Russie.
Dès 1870, il avait pressenti les dangers du totalitarisme au XXème siècle. Et en ce début de XXIème siècle, ils résonnent d’une manière toujours aussi aiguë et dramatique.
Fiodor Dostoïevski est pour moi l’auteur le plus important de la littérature russe. Ses oeuvres n’appartiennent plus seulement à la culture russe, mais à la culture du monde entier. Auteur prophétique sur l’histoire de notre société, Dostoïevski creuse au fond de l’âme humaine des questions essentielles. Avec un roman au rythme théâtral, ce détective dramatique révèle pour moi les enjeux les plus importants de notre époque.
Le terrorisme, la manipulation, le prix de la vie humaine dans les choix politiques, sont les thèmes dont je veux parler dans “Les Démons”. Le conflit des générations, les manipulations, le terrorisme psychologique et politique forment la réalité des personnages de l’oeuvre de Dostoïevski et nous propose un éclairage sur notre actualité.
Le spectacle veut présenter ces conflits intemporels. Dans le roman les personnages luttent pour prouver, d’abords à eux même, leur existence. Pour moi, la souffrance que vivent les personnages du roman est telle qu’elle dépasse la souffrance de l’âme, ou même physique. J’attaque "Les Démons" dans une optique de travail sur le texte et le corps. Je veux travailler dès l’adaptation de l’oeuvre sur la rythmique, si particulière à Dostoïevski.
Les questions que pose “Les Démons” restent très actuelles et il me semble important de montrer toute la modernité de l’oeuvre dans une mise en scène pluridisciplinaire, en mêlant texte, corps, vidéo, son et une construction scénographique inattendue.
Valeriya Budankova
Au début du mois de décembre 1869, Dostoïevski découvre ce qui s’appellera bientôt “l’affaire Netchaiev“.
Serguei Netchaiev est un jeune révolutionnaire, ami de Bakounine et fondateur de “La Société de la Hache” (aussi appelée “La Vindicte du Peuple”). Netchaiev se sert de l’autorité que lui confère le père de l’anarcholibertarianisme pour recruter des membres à Moscou et à Saint-Pétersbourg. Après une brouille avec le militant Ivanov qui menace de créer sa propre organisation, Netchaiev prend les devants et fomente l’assassinat du séparatiste.
Dostoïevski sera profondément marqué par ce fait divers. Son jeune beau-frère, Ivan Snitkine, camarade d’Ivanov à l’académie agricole, lui dressera un portrait élogieux de la victime. De plus, Dostoïevski considère Netchaiev comme un symptôme de la décadence nihiliste et athée qui menace la Sainte Russie.
“Les Démons” est sans doute le plus politique des grands romans de Dostoïevski.
La manipulation politique se trouve au centre de l’action. Le roman décrit toute une communauté, en insistant sur les liens qui les unissent (ou les divisent). Des liens qui sont ceux du pouvoir et de la domination. La lutte pour le pouvoir local et régional est le moteur de la société présenté dans le roman. Cette lutte, c’est une façon d’exister et de réfléchir pour les habitants de cette ville de province. Et cette communauté, absorbé par le désir du pouvoir, perd tout contrôle.
Les habitants, divisés par les “idées nouvelles” vont sombrer dans le chaos, ouvrant la voie au personnage de Piotr Verkhovenski, le véritable “démon” du roman, qui poussera la société dans l’autodestruction.

Les Démons
Théâtre contemporain
Production CIE DISRUPT
Distribution en cours